ne traduira plus le silence
en langage humain
les mots eux-mêmes
ne frapperont plus à ma porte
le temps me regardera mourir
peut-être loin de la mer
qu’embrasse l’horizon
l’étoile qui brille pour moi
doucement s’éteindra
la nuit me repliera paisible
dans l’oeuf noir de la mort
alors se souviendront de moi
l’aube de ma première enfance
l’arbre vénérable qui me vit partir
et tous les oiseaux
qui traversèrent mon ciel
lorsque mon ombre
sera touchée par la lumière
je saurai qu’elle était le double
exact de moi même
seule une ombre de chair
peut marcher sur la terre
Amina Saïd, De décembre à la mer, Editions de La Différence, Paris, 2001
Paul Klee, "Vista de Kairouan"
Je suis née sur les bords
de la mer du soleil couchant
la grande mer la très verte
la mer des Philistins
celle qui baigna Carthage
la mer blanche intérieure des Arabes
dont les chevaux déferlèrent sur les rives
algue j’ai grandi vague poisson
étoile aux multiples branches
la première lettre de l’alphabet
incrustée sur le front
Amina Saïd, Del poema "Naissances"